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" Le style, en littérature, c'est comme un toit doré sur votre maison : vous ne le dépassez jamais. Je ne veux rien qui puisse me retenir de faire ce que je veux faire. Or, le style, si par malheur vous en avez un, vous retient. "

Richard Ford : extrait d'entretien dans le n° 369 du magazine Lire

Style

- "Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la forme interne de son style, comme la terre, sans être soutenue, se tient en l'air"

                                 

- " Les perles composent le collier, mais c'est le fil qui fait le collier"

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Gustave Flaubert : Correspondance 1

" Combien de fois me suis-je trouvé, depuis mes débuts dans ma carrière d'artiste, la plume à la main, plié en deux, accroché au trapèze volant, les jambes en l'air, la tête en bas, lancé à travers l'espace, les dents serrées, tous les muscles tendus, la sueur au front, au bout de l'imagination et de la volonté, à la limite de moi-même, cependant qu'il faut encore conserver le souci du style, donner une impression d'aisance, de facilité, paraître détaché, au moment de la plus intense concentration, léger au moment de la plus violente crispation, sourire agréablement, retarder la détente et la chute inévitable, prolonger le vol, pour que le mot " fin" ne vienne pas prématurément comme un manque de souffle, d'audace et de talent, et lorsque vous voilà enfin de retour au sol, avec tous vos membres miraculeusement intact, le trapèze vous est renvoyé, la page redevient blanche, et vous êtes prié de recommencer. "

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Extrait de " La promesse de l'aube " de Romain Gary

" La littérature, c'est toujours mettre la langue à l'épreuve de toutes ses forces : comment on décrit un champignon atomique, comment une tranchée, etc. Sans tomber dans le cliché. Le cliché est toujours là : tout a déjà été écrit, il y a toujours une façon préprogrammée de décrire les choses, une écriture déjà là et c'est très difficile d'en sortir. Il me semble que l'écrivain  a deux choses à faire :  éviter le cliché qui vient facilement avec la narration d'autant qu'elle aborde des sujets éculés ( adultère, déchéance familiale, etc, ) qui charrient un corpus de textes, d'expressions toutes faites ; et se méfier de son style. Ça c'est terrible : pour un premier livre, tu mets au point une écriture très personnelle. Elle fonctionne au deuxième livre, mais un peu moins. Parce qu'il faut que l'écriture bouge si tu conçois bien sûr chaque livre comme un objet, une machine différente. Sinon l'écriture devient un style et tu te parodies toi-même. C'est le paradoxe de l'écrivain : il se battit une écriture, mais après il doit se battre contre elle. Tous les écrivains le sentent quand ils commencent à se parodier. Ils abordent une scène, une réflexion, et à l'avance ils savent comment ils vont l'écrire, comment ça va fonctionner. C'est un peu embêtant, parce qu'au bout d'un moment, l'écriture ne peut plus rien générer. Il faut toujours faire bouger les choses. On n'est pas forcé de changer radicalement de style d'un livre à l'autre, mais il faut se déplacer. Un écrivain comme Patrick Deville, par exemple, a changé du tout au tout en passant des éditions de Minuit aux éditions du Seuil. Il a eu besoin de se renouveler. Le pire ennemi de l'écrivain, c'est son style. Tu n'écris pas pour faire carrière, tu écris pour un livre qui va voyager un peu entre les lecteurs. C'est le livre qui est censé créer des lecteurs, pas l'auteur.... Peut-être que Modiano c'est toujours génial, mais globalement c'est toujours la même voiture et elle commence à être patinée. Ce qui se passe, c'est que l'écrivain commence à se faire une idée mentale de son lectorat et se met à écrire pour lui, inconsciemment. Mais ça fait des censures...

 

Claro : extrait d'entretien pour Le Matricule des Anges, Septembre 2010

" Que Napoléon soit l'idole des Yankees, dans leurs bureaux de banque et leurs officines industrielles, c'est qu'il est le Messie des parvenus. Il n'en faut pas d'autre preuve. A des degrés divers, ils ont la même façon de dominer, de régner, de travailler sans relâche, de moudre l'action à perpétuité et de faire sentir leur force. Ils ont la même vulgarité dans la puissance. Mais quel abîme entre le grand capitaine de guerre et les capitaines d'industrie ! Même où il est vulgaire, Napoléon a toujours du style.

André Suarès : Coup d'oeil sur Napoléon 1925 ( collection Bouquins :André Suarès " idées et visions 

" Alphonse de Lamartine ( 1790 - 1869 ) fut en politique une sorte de François Bayrou dans la France du XIXème siècle : un homme isolé, réputé pour ses formules assassines, exaspérant le pouvoir monarchique - sans que jamais le roi Louis-Philippe mesurât un danger quelconque chez celui qu'il surnommait le vain de Mâcon... Il n'empêche, Lamartine met ses actes en conformité avec ses mots. Le 22 février 1848, il décide malgré l'interdiction, de participer au dernier des 70 banquets organisés contre les abus du pouvoir. Ce n'est rien de plus que de défendre le droit de réunion. Mais il y a le style...  " La place de la Concorde dût-elle être déserte... J'irai seul au banquet avec mon ombre derrière moi. " "

Lu dans Marianne n° 620 du 7 au 13 mars 2009

" Les écrivains, pour être artistes, faut-il encore qu'ils aient... LE STYLE AUX PLUMES !!!"

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Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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