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Œuvre

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" L'artiste doit entamer son oeuvre dans le même état d'esprit qu'un criminel qui commet son forfait "

 citation de Degas citée dans " Journal de galères" par Imre Kertész

" L'écrivain au terme de l'oeuvre, c'est un peu l'homme après l'amour : même vague écœurement, même agréable lassitude, même dégoût de ce à quoi il s'est follement donné, même sentiment de vacance, de vide, d'inutilité. Une fête vient de s'achever et le quotidien reflue à nouveau, ineffablement morne et prosaïque."

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Charles Juliet : journal 1 ( 1957 - 1964 )

"Une oeuvre que je ne peux pas recontextualiser ne m'intéresse pas. Dans les années 1980, j'ai refusé de monter, à Glyndebourne, La Clémence de Titus, le dernier opéra de Mozart. Je ne comprenais pas cette histoire de cité brûlée, de roi sauvé de la mort et qui finit par gouverner avec ses assassins. Cette belle utopie m'agaçait. Il a fallu la libération de Nelson Mandela pour m'éclairer. Mandela,  qu'on donnait pour mort, arrive au pouvoir, organise la commission Liberté et Réconciliation pour mettre meurtriers et victimes face à face, et invite ses ennemis d'hier à participer au gouvernement afin que tous se sentent en sécurité parce que responsables de leur avenir. Vous réalisez ? Le dernier message de Mozart est une réponse au terrorisme !

Peter Sellars : extrait d' entretien dans Télérama n° 3050

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" Il y a fort longtemps, j'ai vu  dans un catalogue d'attrapes pour noces et banquets :            " Objet difficile à ramasser". J'ignore quel est cet objet et comment il se présente, mais j'aime qu'il existe et rêver dessus. Une oeuvre doit être un "objet difficile à ramasser". Elle doit se défendre contre les attouchements vulgaires, les tripotages qui la ternissent et la déforment. Il ne faut pas savoir par quel bout la prendre, ce qui gêne les critiques, les agace, les pousse à l'insulte, mais préserve sa fraîcheur. Moins elle est comprise, moins vite elle ouvre ses pétales et moins vite elle se fane. Une oeuvre doit prendre contact, fût-ce par le malentendu, et cacher ses richesses, qui se livreront peu à peu et à la longue. Une oeuvre qui ne garde pas le secret et se donne trop vite risque fort de s'éteindre et de ne laisser d'elle qu'une tige morte ".

 

Jean Cocteau, Hors Série Télérama Novembre 2013

" Lire, écrire : autant de ruses du Barbare pour se faire Classique. Le Barbare croit que le Classique a un secret, un truc ( Valéry dit que Degas était paralysé par sa connaissance des maîtres, sa " convoitise des secrets qu'il leur prêtait" ) ; il cherche ce truc dans les livres, puis il écrit lui-même ; il fait une oeuvre comme dans un rêve ; il n'a rien trouvé, il commence à douter qu'il y ait un truc ; et voilà que les Classiques lui disent qu'il est des leurs. C'est ça , la relance de la littérature : un jeu de vessies et de lanternes où on vous dit que vous êtes maître ès lanternes à l'instant où vous commencer à soupçonner qu'il n'y a que des vessies. "

Pierre Michon. extrait de " Le roi vient quand il veut, propos sur la littérature " Albin Michel 2007

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" Ce qui me pèse aujourd'hui, c'est que le monde capte si mal les différences entre l'infiniment mauvais et l'infiniment bien. Qu'on traite de la même manière l'acteur qui réalise une performance extraordinaire et celui qui joue dans un film sans intérêt. On a oublié toute perspective. Aujourd'hui, on est connu ou pas connu, people ou pas peoplebankable ou pas bankable. Et qu'on soit bankable parce qu'on s'appelle Afflelou ou Picasso n'a plus aucune importance. On a sa table dans les meilleurs restaurants. Evidemment, à chaque fois qu'on énonce ce genre de propos, on risque le malentendu. Marguerite Duras a eu un jour une expression superbe. Pour qualifier un livre qu'elle appréciait sans le trouver pour autant renversant, elle a dit : " Il est formidable ce livre, mais il ne prend pas le large. "  Et bien voilà, il y a des oeuvres qui prennent le large et d'autres pas. Des individus qui prennent le large et d'autres pas. Tout ne se vaut pas "

Vincent Lindon. Extrait d'un entretien donné  dans le n°7 du magazine XXI, eté 2009

Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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