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" Tant qu'il reste de par le monde quelques hommes dépourvus de tout pouvoir, je ne puis désespérer complètement " .

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Elias Canetti

Pouvoir

"A travers le Créon d'Antigone, Sophocle pose une question fondamentale : il faut bien des hommes pour diriger les hommes, mais comment fait-on pour aider les hommes à avoir le pouvoir alors qu'on sait que le pouvoir corrompt ? Le pouvoir, c'est comme une prise électrique, on sait qu'on va être électrocuté, mais il faut que quelqu'un y mette les doigts. On ne peut pas donner le pouvoir législatif, exécutif et religieux à un seul homme, nous dit-il dans cette pièce, sinon le danger arrive, incarné par Créon. Antigone appelle à la séparation des pouvoirs, et en fait une démonstration sublime : Créon édicte une loi dans laquelle il est impliqué personnellement, mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que cette loi va le prendre au piège et le contraindre à tuer celle qu'il a élevée comme sa fille. Je n'arrive pas à détester Créon"

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Wajdi Mouawad, extrait d'un entretien pour le magazine Transfuge n°98, mai 2016

"...Shakespeare est un des auteurs à avoir dit sur le mode épique le versant noir du pouvoir, hors de toute idéologie : il est de ceux qui savent  comme de naissance que la "mafia" en est la réalité crue. La mafia est la réalité crue des rois, la plèbe est la réalité crue du peuple - et tout cela est paradoxalement " beau ". Revoilà le tragique, sa beauté insensée. Sa beauté " crapuleuse ", puisqu'elle fleurit sur le sang des peuples et des rois - et plus il y a de sang, plus elle fleurit. L'histoire récente ne semble pas démentir Shakespeare..."

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Pierre Michon : entretien dans Transfuge n° 30, Mai 2009

" La fin de l'esprit critique est la porte ouverte à la manipulation des esprits par le pouvoir, qu'il soit politique, économique ou autre. Il faut toujours se méfier du pouvoir, par principe..."

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Mario Vargas Llosa, entretien dans Télérama 3519, 31/06/17

" La douceur de Jack Lang dans ses approches concentriques du pouvoir fait penser aux roucoulements des pigeons qui ne voient pas, dans la casserole, les olives dont ils seront bientôt entourés. '"

François Léotard : " Ça va mal finir " ( extrait recueilli dans le nouvel obs du 28 février 2008 )

" Et puis j'ai découvert le pouvoir des mots. J'en ai eu la révélation un jour à la table familiale où, si je révélais à tous que mon cousin trompait sa femme, c'était la crise générale. Les mots pouvaient être une rafale de mitraillette. J'ai donc commencé à noircir mes premiers cahiers.

Quand j'écris le monologue du fils juif lors du repas de famille de Tous des oiseaux, où celui-ci, étudiant à Berlin et amoureux d'une jeune Marocaine, s'adresse à ses parents venus le voir depuis Israël, j'y mets une charge radicale. A l'acteur, je dis toujours qu'il doit avaler une kalachnikov et mettre la salle dans un état épouvantable. Idem pour le personnage de la jeune femme assumant enfin ses origines arabes. Ces scènes-là doivent exploser en mots dans l'esprit du public... Et si un spectateur plein de haine écoute ces textes trempés  dans la colère, je crois possible - si c'est bien fait - qu'il s'oublie lui-même. Happé par l'acteur, il sera obligé de reconnaître que quelque chose venu de l'autre a coïncidé avec sa propre haine. Une fissure se produira... C'est grâce à l'incarnation radicale de la parole, via le corps des comédiens, que l'étincelle peut avoir lieu...

  Enfant,  j'avais une immense capacité à aimer. J'étais très gros, comme les pingouins mâles qui tout l'été s'empiffrent pour couver leurs œufs, l'hiver, face au grand vent. Petit à petit, ma bonté a fondu comme la graisse des pingouins ! De temps en temps, je me nourris de rencontres avec les autres et du sentiment soudain de ne pas être un être humain solitaire. Je cherche partout : dans la rue, dans le métro, dans l'avion... Tout à coup, un inconnu exprime quelque chose. Il ouvre une conversation qui engage et interroge notre humanité. L'esprit, ainsi activé, invente et ne se cantonne pas dans le connu par peur de ne pas séduire ou de ne pas être en sécurité..."

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Wajdi Mouawad : extrait d'entretien pour Télérama 3560, du 4/04/2018.

Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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