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Migrants

                                                                                               DeGust

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"Quiconque a le malheur d'immigrer une fois - une seule ! - restera toujours métèque toute sa vie, et étranger partout, même dans son pays d'origine. C'est notre malédiction à nous, immigrants."

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 Pan Bouyoucas / Une bataille d'Amérique

" Si on me demandait le résumé du Candidat, c'est un migrant qui part du nord du Burkina Faso pour arriver aux côtes Libyennes et tenter la traversée. Dans cette version là des choses, c'est un roman témoignant d'un fait dramatique politique et sociétal...

En 2010, quand a paru Le Candidat, la situation était déjà depuis longtemps désastreuse mais encore loin d'aujourd'hui. Je crois que deux ou trois livres ont paru en même temps à propos des migrants et différemment orientés. Le fait qu'on puisse intimer l'ordre à tout un continent de rester chez lui, de n'avoir ni droit au voyage ni à la rencontre d'autres cultures ni au choix d'une autre existence est odieux. Tout cela pour surexploiter une main-d’œuvre terrifiée. Je n'ai pas voulu dénoncer ni faire prendre conscience parce que c'était fait des milliers de fois en vain. J'ai accompagné mon personnage de Gorom-Gorom à la banlieue de Tripoli en en faisant un débrouillard. Je lui ai octroyé la joie de la débrouillardise et le talent de retourner les situations. Est-ce que la débrouillardise est politique ? L'habile, on en ferait vite un opportuniste mais mon héros, Abdou, n'a pas d'autre choix que d'inventer des solutions parce que sinon le chemin s'arrête et mon livre avec. "

Frédéric Valabrègue, extrait d'entretien dans le magazine Le Matricule des Anges, Mai 2015

" J'ai pensé que les passagers avaient dû attendre, , espérer des secours, certains sachant que le droit de la mer impose de venir en aide aux bateaux en détresse quand d'autres au contraire avaient dû s'affoler, informés des dernières dispositions des Etats en lutte contre l'immigration illégale, avertis qu'en ce qui les concerne le droit n'existait plus, justement, ils étaient hors la loi 555 et sans doute que d'autres se demandaient jusqu'où on les laisserait se noyer ; j'ai pensé enfin que la plupart des passagers ne devaient pas savoir nager, ayant vu la mer deux jours auparavant pour la première fois. (...)
Et ceux de l'île de Lampedusa, isolés et pauvres eux-mêmes, les avaient recueillis, une couverture sur les épaules, un abri, un repas : ils avaient hébergé ces étrangers, plus pauvres que pauvres, ces êtres qui n'avaient plus rien et ne pouvaient plus prononcer leur nom ; ils les avaient relevés et l'humanité entière avec eux. Hospitalité."

Maylise de Kerangal  extrait de  : A ce stade de la nuit

Editions Verticales 2015

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"L'Europe est devenue une force en se répandant partout et violemment, et elle nous dit qu'elle a peur des "migrants" et des étrangers, elle qui s'est goinfrée sur le dos du monde entier."

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Léonora Miano : entretien dans Marianne n°1045 7 au 13 avril 2017

Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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