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Amitié

"ces amitiés lâches construites par une proximité plus professionnelle que sensible, qui nous fait voir trop souvent des êtres que nous apprécions trop peu..."

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Olivier Maillard, extrait de la critique du roman de Georges Perec " Les Choses", dans la revue Ateliers du roman n°79, septembre 2014

Ceux que tu appelles tes amis, ce sont d'abord  des gens remplis du moi qui les tient en laisse."

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Léo Ferré : extrait de  " Basta "

"L'amitié est un artifice social, comme le capitonnage d'un fauteuil ou la distribution des poubelles ; elle n'a aucune signification spirituelle "

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S.Beckett ( lu dans Le Nouveau magazine Littéraire, dossier" Couples littéraires et destins croisés" Juillet-Août 2019 )

"La singularité de l'amitié est d'être une forme de résistance. L'amitié permet d'échapper aux diverses communautés d'obéissance, à la tyrannie du conformisme, ou aux pièges de l'idolâtrie. L'amitié, chaque fois, c'est de l'un par un : l'ami véritable n'est pas interchangeable. L'amitié, c'est une contre-société qui se nourrit d'exigence, de liberté, de partage. Jamais d'adoration béate. Un exercice stoïcien dit en substance : "Si tu veux faire ceci ou cela, imagine que ton ami est là, à tes côtés, et assiste à ton action. Qu'en penserait-il alors ? " L'ami est celui qui nous élève."

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Frédéréric Gros : entretien dans     Télérama 3530 du 06/06/17                            

Reste l'amitié, autre raison d'éspérer. Car une correspondance suivie, ce face-à-face à distance, nous retrace une fois sur dix une trajectoire amicale. Et une amitié vraie sait devoir rester confidentielle : le secret de la correspondance lui va comme un gant...

  Reste à savoir si le mot amitié a encore un sens quand la moindre opacité est suspecte et la transparence un gage de vertu, quand tout ce qui fuit l'exhibition en temps réel passe pour louche ou pour insignifiant. Quand un ministre de la Culture publie ses Mémoires de fonction avant même d'avoir quitté la rue de Valois. Quand un médiocrate supposé philosophe se fait filmer en live dans le désert de Libye, quand le but d'une action devient sa mise en scène, à livrer de suite à la jet-set. Quand il faut que ça rende et que ça paye et que ça se sache, ubi et orbi. Dans cette maison de fous, à la fois de commerce et de verre, que devient notre bonne société, creuser en langue française un tunnel sous la Manche, saison après saison, peut s'assimiler soit à un trouble à l'ordre public soit à un tempérament sado-maso. Affection et diffusion, sincérité et popularité, il faut choisir. Si on a deux mille amis sur Facebook, c'est qu'on n'en a aucun. Quand on va sur le Net pour se livrer à des milliers de personnes, on ne se livre à personne. On veille sur sa marionnette.

 

Régis Debray, extrait de " Modernes Catacombes. Hommages à la France littéraire " vu dans le magazine Lire, Février 2013

"Ici, on rentre dans un café et, dix secondes après, on a des amis. En France, dans un bar, les mecs vous tournent le dos, comme s'ils avaient peur que vous buviez leur bière"

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François Damien, extrait d'entretien pour Télérama du 30/05/18

  "Joé Bousquet nous désigne de la main, parmi les tableaux qui tapissent les murs, une toile de Max Ernst. Dans les rangs des soldats allemands qui, ce jour-là, à Vailly, tiraient sur lui, Max Ernst était présent. Maintenant, et depuis bien des années, l'amitié liait le poète et le peintre... En écoutant Bousquet, en suivant le regard qu'il laissait rêver sur les étranges images de Max Ernst, je songeais que l'un et l'autre vivaient dans des univers situés, en connivence profonde, hors du temps, et comme au-delà de la mort - cette mort qu'au printemps de 1918, leurs jeunesses, alors ennemies, avaient de si près guettée..."

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Georges-Emmanuel Clancier : extrait de " le temps d'apprendre à vivre, mémoires 1935-1947", Albin Michel, 2016

Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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