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Liberté

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" Les ouvriers, ils travaillent, travaillent et travaillent encore, mais s'ils tombent malades à force de travailler, le directeur leur dit :"Bah, rentrez chez vous et ne revenez pas". Et s'ils se blessent? Pareil. Vous les Américains, vous avez tout le temps le mot "liberté" à la bouche, mais moi je ne vois que des esclaves qui se croient libres. Je vois des usines qui exploitent, et les enfants et les familles."

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Dennis Lehane : "Un pays à l'aube" Payot et Rivages2009

" C'est aux esclaves, non aux hommes libres, que l'on fait un cadeau pour les récompenser de s'être bien conduits"

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Spinoza : Traité de l'autorité politique

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" Si vous parlez de liberté à quelqu'un, il énoncera sans doute une liste de droits dont il veut jouir. Mais la liberté n'est pas un cadeau, elle est à conquérir. Cela revient à marcher sur un sentier inconnu, à ouvrir une trace fraîche, au risque de se perdre. La liberté est dangereuse et coûte cher. Pour y parvenir, les Hébreux ont  erré pendant quarante ans dans le désert. "

 

 

Erri De Luca : extrait d'un entretien accordé au magazine Transfuges n°41, juin 2010

" Les seuls êtres qui m'intéressent, les seuls avec qui je me sente des affinités, sont ceux qui ont un pouvoir de refus, de défi, de contestation, qui savent implicitement qu'il n'est pas de vie sans liberté. "

Charles Juliet : "Journal 1. 1957 - 1964 " Hachette 1978

Savoir si l'homme est libre ne m'intéresse pas. Je ne puis éprouver que ma propre liberté. Sur elle, je ne puis avoir de notions générales, mais quelques aperçus clairs. Le problème de "la liberté en soi" n'a pas de sens. Car il est lié d'une tout autre façon à celui de Dieu. Savoir si l'homme est libre commande qu'on sache s'il peut avoir un maître. L'absurdité particulière à ce problème vient de ce que la notion même qui rend possible le problème de la liberté lui retire en même temps tout son sens. Car devant Dieu, il y a moins un problème de la liberté qu'un problème du mal. On connaît l'alternative : ou nous ne sommes pas libres et Dieu tout-puissant est responsable du mal. Ou nous sommes libres et responsables mais Dieu n'est pas tout puissant. Toutes les subtilités d'écoles n'ont rien ajouté ni soustrait au tranchant de ce paradoxe.

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Albert Camus : le mythe de Sisyphe, Gallimard 1942

"Je crois à la liberté d'expression totale. Sans limites. Sans exception. On peut tout dessiner. On a le droit de tout dire, de provoquer voire d'insulter. Et si quelqu'un se sent blessé, il peut saisir la justice. C'est le fonctionnement normal de la démocratie. C'est ce qu'il faut protéger. C'est le patrimoine de la France, comme l'Elysée, l'Assemblée nationale ou le château de Versailles.

J'ai entendu beaucoup de gens dire : "Il ne faut pas jeter de l'huile sur le feu". C'est horrible de dire ça. Il faudrait fermer sa gueule pour garantir le pouvoir des cons ? C'est n'importe quoi. Quand je vois des Européens qui vivent librement, qui ne savent pas ce que c'est que de vivre dans une dictature et qui critiquent Charlie Hebdo, je les invite à émigrer en Iran et à y vivre pendant dix ans. On verra après ce qu'ils diront de la liberté. Peu importe qu'on aime Charlie Hebdo ou pas. Là n'est pas la question."

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Kianoush Ramezani interview pour francetvinfo.fr. Propos recueillis par Benoît Zagdoun

" Le monde a proclamé la liberté, ces dernières années surtout ; mais que représente cette liberté! Rien que l’esclavage et le suicide ! Car le monde dit : « Tu as des besoins, assouvis-les, tu possèdes les mêmes droits que les grands, et les riches. Ne crains donc pas de les assouvir, accrois-les même » ; voilà ce qu’on enseigne maintenant. Telle est leur conception de la liberté. Et que résulte-t-il de ce droit à accroître les besoins ? Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel ; chez les pauvres, l’envie et le meurtre, car on a conféré des droits, mais on n’a pas encore indiqué les moyens d’assouvir les besoins. On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s’unira toujours davantage, que la fraternité régnera. Hélas ! ne croyez pas à cette union des hommes. Concevant la liberté comme l’accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d’habitudes et d’imaginations absurdes. Ils ne vivent que pour s’envier mutuellement, pour la sensualité et l’ostentation. Donner des dîners, voyager, posséder des équipages, des grades, des valets, passe pour une nécessité à laquelle on sacrifie jusqu’à sa vie, son honneur et l’amour de l’humanité, on se tuera même, faute de pouvoir la satisfaire. Il en est de même chez ceux qui ne sont pas riches ; quant aux pauvres, l’inassouvissement des besoins et l’envie sont pour le moment noyés dans l’ivresse. Mais bientôt, au lieu de vin, ils s’enivreront de sang, c’est le but vers lequel on les mène. Dites-moi si un tel homme est libre..."

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Fiodor Dostoïevski : extrait de "Les frères Karamazov" 1880

" Mon père m'avait toujours poussé à émigrer : " Si j'étais toi, je partirais d'ici", me disait-il. J'avais enfin cette liberté et j'étais décidé à en profiter. Je voulais rester maître de mes gestes, de mes choix. J'ai eu la chance d'être aussitôt intégré à Magnum, ce qui me donnait une carte de visite. Mais je ne voulais surtout pas ressembler aux autres photographes. Je ne voulais pas de maison, pas d'attache sentimentale. Pendant seize ans, je n'ai fait des photos que pour moi, sans répondre à aucune commande de la presse. J'ai parcouru l'Europe sur la trace des Gitans, -

de leurs fêtes aux Sainte-Marie-de-la-Mer aux foires à chevaux en Irlande... Je photographiais des choses qui n'avaient rien à voir avec eux, des images qui sont dans Exils. Je vivais avec le minimum sans jamais m'établir plus de trois mois au même endroit, ne possédant qu'un sac de couchage et des vêtements de rechange. Le soir, je dormais là où je me trouvais, souvent à la belle étoile, à l'écart des bourgades. Quand on me proposait une chambre avec un lit, je m'allongeais sur le sol avec mon duvet pour ne pas m'habituer au confort. Je redoutais le confort, les habitudes qui rendent aveugles. Certains pensent que j'ai vécu dans la misère. L'idée est folle : j'ai vécu dans la liberté."

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Josef Koudelka : entretien dans Télérama 3503, du 01/03/2017

" Aujourd'hui , je suis très opposée au féminisme à la façon d’Élisabeth Badinter. Je réprouve la bataille laïcarde. Je suis contre la loi contre le voile. Pourquoi interdire aux femmes de s'habiller comme elles le veulent ? Pourquoi imposer ? C'est le contraire de la liberté, d'un vrai féminisme... Connaît-on la proportion des femmes qui choisissent de le porter et celles à qui on l'impose ? Et les femmes occidentales, sont-elles sûres d'avoir choisi tout ce qu'elles font ? Ces femmes qui ont l'arrogance de décider de qui est libre ou pas, le sont-elles elles-mêmes ? Sont-elles entièrement émancipées ?...

Annie Ernaux : extrait d'entretien pour le magazine Politis n°1398, Avril 2016

https://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Ernauxhttp://

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En fin de compte, qu'est-ce que la liberté ? Diriger nos pas chancelants dans la nuit polaire vers une étoile que nous avons choisie tout en sachant pertinemment que nous ne l'atteindrons jamais. Mais pourquoi avons nous choisi une étoile ? Parce qu'il fait sombre, à l'évidence...

Je sais ce qu'est la liberté : la liberté est ce qui n'existe pas. Soupir, idéé, absolu. Nous vivons dans le concret, nous aspirons à l'absolu et nous finissons dans le néant, parce que la mort est la rencontre terrifiante du concret et de l'absolu et qu'elle constitue pour le sujet  une union ironique. Et la plus grande ironie est que le sujet n'en fait même pas l'expérience, parce que la mort n'est pas une expérience. "

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Imre Kertész : " Journal de Galère, Actes Sud 2010

Ma liberté est ce qui m'emprisonne
Seul et sans frère, il me reste la haine

Si je dis vrai c'est que je déraisonne
Je meurs de soif auprès de la fontaine


" Ballade pour un jeune SDF en la bonne ville de Blois " : Francis Combes

" Les gens veulent gagner de l'argent pour obtenir la liberté, ou, au moins, une pause dans leur vie de souffrance. et nous les concepteurs publicitaires, nous défomons la réalité, de manière à ce que la liberté soit symbolisée tantôt par un fer à repasser électrique, tantôt par une serviette périodique à rabats, tantôt par une limonade. Nous sommes payés pour cela. Nous inculquons cela dans la tête des cibles par l'intermédiaire de l'écran, puis elles se l'inculquent entre-elles pour finir par nous l'inculquer  à nous les auteurs : c'est comme la contagion radioactive, peu importe qui a déclenché l'explosion nucléaire. Chacun essaye de démontrer à l'autre qu'il a atteint la liberté et, en fin de compte, sous des couverts d'amitié et de vie sociale, nous nous imposons les uns aux autres des vestes noires, des téléphones mobiles et des cabriolets avec sièges en cuir. La boucle est bouclée."

Texte extrait de " homo zapiens " de Viktor Pelevine

" Il existe une ligne rouge à ne surtout pas franchir ( pour un artiste) . Dire " je vote pour tel ou tel", ça revient à prendre en otage les gens qui vous aiment. C'est un abus de pouvoir. Je suis un homme libre, j'aime la liberté des autres "

Abd Al Malik ( entretien  dans télérama )

Par Auteurs
M. de Kerangal
Sylvie Germain
Pirandello
Virginia Woolf
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