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Religion

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" Il me semble impossible pour une personne instruite, dotée d'un sens critique, de croire de manière littérale au dogme catholique. Cependant, ce langage et cette tradition chrétienne comptent à mes yeux car ils constituent une filiation, un lien avec les premiers chrétiens. La religion catholique, comme toutes les grandes religions monothéistes, doit aujourd'hui faire face au fossé entre le fondamentalisme - toutes les populations souffrant de la  pauvreté cherchent dans la religion une promesse, la certitude d'une vie après la mort - et une forme de croyance éclairée. Nous vivons à cet égard une période déterminante. "

David Lodge . Extrait d'interview. Magasine " transfuge "  Janvier 2007

-" Je n'ai jamais pensé au fait que j'étais juif, sauf quand j'étais en danger. Et encore, ma judéité ne se manifestait pas dans ces cas là  comme quelque chose d'intérieur , mais toujours comme une négativité, une limitation, une détermination exterieure - de même qu'on se définit comme nourriture vivante face à un requin dans l'océan ou à un tigre dans la jungle. Mais on ne peut pas se contenter d'être la nourriture des autres. je n'ai jamais pensé à la religion : je ne la comprends tout simplement pas, qu'il s'agisse  par exemple de la religion juive ou du bouddhisme, de la religion des adorateurs du feu, des serviteurs de Kali ou encore de celle des mormons. Pourtant ma judéité m'a permis de vivre l'expérience universelle d'une existence humaine assujettie au totalitarisme. Donc si je suis juif, je dis que je suis négation, négation de tout orgueil humain, négation de toute sécurité, des nuits tranquilles, de la vie spirituelle paisible, du conformisme, du libre choix, de la fierté nationale - je suis la page noire du livre des triomphes qui ne laisse pas transparaître l'écriture, je suis une négation, non pas juive, mais une négation humaine universelle, un mané, theckel, pharès sur le mur de l'oppression totale "

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Imre Kertesz : extraits de son "Journal de galère" Actes Sud, octobre 2010

"..il n’y a pas pour l’homme, demeuré libre, de souci plus constant, plus cuisant que de chercher un être devant qui s’incliner. Mais il ne veut s’incliner que devant une force incontestée, que tous les humains respectent par un consentement universel. Ces pauvres créatures se tourmentent à chercher un culte qui réunisse non seulement quelques fidèles, mais dans lequel tous ensemble communient, unis par la même foi. Ce besoin de la communauté dans l’adoration est le principal tourment de chaque individu et de l’humanité tout entière, depuis le commencement des siècles. C’est pour réaliser ce rêve qu’on s’est exterminé par le glaive. Les peuples ont forgé des dieux et se sont défiés les uns les autres : « Quittez vos dieux, adorez les nôtres ; sinon, malheur à vous et à vos dieux ! » Et il en sera ainsi jusqu’à la fin du monde, même lorsque les dieux auront disparu ; on se prosternera devant les idoles. Tu n’ignorais pas, tu ne pouvais pas ignorer ce secret fondamental de la nature humaine, et pourtant tu as repoussé l’unique drapeau infaillible qu’on t’offrait et qui aurait courbé sans conteste tous les hommes devant toi, le drapeau du pain terrestre ; tu l’as repoussé au nom du pain céleste et de la liberté !..."

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Dostoievski : extrait de "Les frères Karamazov"

Chaque once de sagesse qui peut se trouver dans trois mille ans de littérature, j'essaie de la trouver. Dans l'Ecclésiaste par exemple, il suffit de chercher. Mais je me méfie de mon  mysticisme, c'est quand même beaucoup de superstitions, je vais finir comme ma grand-mère qui me disait : " Il ne faut pas mettre de chapeau sur le lit, ça porte malheur ! "  Ce qui vaut , à mon sens, pour toutes les religions. Je n'ai pas eu d'éducation catholique, mais j'ai beaucoup lu sur la religion dans le courant de ma vie. Je ne me suis vraiment intéressé à la bible que lorsque je suis devenu un pécheur impénitent. Et d'ailleurs, même la bible, une grande partie est à jeter, mais l' Ecclésiaste , c'est magnifique... Enfin je n'oublie pas les mensonges que cette religion raconte aux gens. Au fond, les chrétiens n'aiment les gens que quand ils sont morts... Tous ces mensonges idiots de toutes les religions  sont tout de même à l'origine des plus grandes violences. Il y a eu plus de mal accompli au nom de la religion qu'au nom de n'importe quelle idéologie..."

 

Nick Tosches, extrait d'un entretien dans la magazine  Transfuges , novembre 2015

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